Je me relève de mon banc, l’envie de dormir bien trop importante pour que je reste encore assis sur ce stupide banc, dans ces stupides ruelles, bondées de gens et de vieux journaux. J’aime bien être un mercenaire sans travail, tu reste là, dehors, essayant de survivre, de dormir et de t’occuper de toi mais tout ce que tu peux faire, c’est attendre que quelqu’un te donne quelque chose à faire, en échange d’une récompense, tel que de l’argent. Je remets mon couteau en place dans ma botte droite alors que mon regard se balade sur le visage des gens autour de moi.
Je sors mon paquet de clopes de la poche de ma veste, en fait ressortir une, et amène le paquet à ma bouche pour prendre la cigarette entre mes lèvres. Je l’allume alors que mon regard continu de se poser sur les visages des étrangers. Je recrache une bonne dose fumée avant qu’une personne s’approche de moi. C’est un humain, je le sens et je baisse donc les yeux pour pas qu’il les voit et se pose des questions. Je prends l’enveloppe qu’il me tend depuis quelques instants et je remarque un post-it dessus. Je lui lance un vague remerciement avant de me retourner. Enfin une mission ?
Delcyn Hunt,
Tu dois apporter cette lettre à Madame Hagen.
Juste ça ? Pas de récompense, pas d’autre message ? Rien ? Je décolle le papier collant jaune immonde que je jette dans la poubelle non loin du banc où je me trouvais. Où trouver la chef de mon quartier ? Dans la salle d’audience écarlate de Riverouge, bien sûr ! L’homme ne s’était pas attardé pour me donner des détails, comme quoi ce n’est pas l’écrivain de cette foutue lettre.
Je me dirige vers les ruelles menant vers la salle d’audience. Une personne plutôt massive me bouscule et je réponds par un grand coup d’épaule en poussant un grognement rauque pas très humain. Il y a trop de monde, pas assez de place pour que je marche rapidement vers ma destination. Je laisse tomber ma cigarette en entièrement consumée mais encore fumante que j’écrase avec ma botte.
Je tourne dans une des petites ruelles les plus sombres, laissant retomber ma capuche, et j’entreprends d’escalader le mur, fenêtre par fenêtre, en passant par les creux des briques, pour enfin me retrouver sur le toit de la maison. Je remets mes cheveux en arrière puis regarde droit devant moi, enfin un espace où je me sens vraiment libre. Je remonte mon masque complètement noir sur mes lèvres et mon nez et je me lance à la poursuite de cette liberté, pourtant elle ne part pas et m’entoure, me faisant aller plus loin, plus vite, plus inconsciemment.
Soudain je m’arrête, mon but un peu plus bas. La Salle d’audience écarlate. Je descends rapidement de mon bâtiment, me recoiffe rapidement de ma main, enlevant mon masque de l’autre, et je me dirige enfin vers ce grand et magnifique bâtiment, repère de Freya Hagen.