Appartement et bureau du régent

A la fois bureau pour les affaires et habitation, la pièce est suffisamment grande pour réunir boulot et dodo, évitant ainsi la partie "métro". Muni d'un grand canapé en cuir et d'une immense télé plasma (à la sono très performante), l'endroit ne semble vraiment pas être destiné au travail si on fait abstraction du grand bureau en bois massif aux innombrables tiroirs remplis de formulaires.
L'appartement se trouve au premier étage d'un bâtiment assez large, ou, au rez-de-chaussé, se situe le bureau des réclamations.

Le bruit d'une lettre. Tombant de la fente à laquelle elle est destinée au sol, couvert d'un vieux parquet, elle émet un faible bruissement, si faible qu'une personne normale l'entendrait à peine.

Mais je ne suis pas une personne normale, et j'entends tout, vois tout, même quand je voudrais être sourd et aveugle. Ces handicaps ont de bons côtés : la possibilité de ne pas être obligé d'aller soit-même chercher son courrier en fait partie. Après dix bonnes minutes de préparation mentale, je me lève de mon canapé, mes pieds quittant le cuir ferme et luxueux pour aller s'écraser sur les lattes de bois grinçantes. Quel monde cruel. Je me traîne vers l'endroit ou se situe le courrier motivant tous ces effort, et l'attrape d'une façon exagérément lente.
Cherchant un coupe papier du regard dans un rayon d'un mètre, je laisse tomber et déchiquette le haut de l'enveloppe scellée d'un cachet de cire marron -sûrement en provenance de Garsom-. Les petits morceaux de papier restent inertes sur le seul, tandis que je marmonne le contenu de la lettre.

"Salutations,

Suite aux altercations de la réunion engendrées par mon arrivé plus ou moins correcte, je vous envoie cette lettre pour tenter de clarifier les choses.
Je m'excuse également si j'ai été dérangeant dans mon entrée mais ce n'était pas le but.
Tout ce que je veux, c'est faire évoluer mon quartier le mieux possible. C'est pourquoi, je pense que nous pourrions entreprendre un commerce entre nos quartiers respectifs.
Les ressources éventuelles de ma zone sont surtout : Des plantes plus ou moins rares, des métaux, de la drogue (autorisée dans mon quartier) ainsi que d'autres biens ou services utiles.

Pourrions nous donc associer nos deux quartiers à travers un commerce équitable ?
Merci de me répondre dans un délais d'une semaine via un messager de confiance.

Votre très cher Siloss !"

Charmante intention, vraiment. L'homme qui ne me semblait être qu'un pur bourrin en premier lieu semble avoir quelques notions de politique. L'idée du commerce me laisse de marbre cependant. Je suis peut-être amateur d'alcools de toutes sortes, mais je ne fait pas dans les drogues, et n’apprécie pas particulièrement l'idée d'avoir une augmentation de junkies dans mon quartier. Je traîne les pieds jusqu'à mon canapé, rajustant mon peignoir qui s'était défait, laissant apercevoir un organe que certaines personnes pourraient juger "d'indécent". Par chance, il y a déjà une plume et son pot d'encre sur la table basse, je m'assoit, et trempe l'engin dans le liquide sombre, commençant à écrire ma réponse au verso de la lettre.
M'inspirant du dessin animé qui est en train de passer à la télévision, je commence.

"Salut mon zouzou (...)"

La plume s'agite de manière adroite sur le papier, formant de magnifiques lettres penchées. On peut me reprocher bien des choses, mais mon écriture est de loin la plus jolie de toute cette satanée ville. Tout en écrivant je me gratte de façon tout à fait distinguée le "bas ventre", faisant savoir à Adeline qu'elle devrait se magner le popotin pour aller me chercher un verre de rhum.

J'arrive dans le quartier d'Aletta, les pieds traînant au sol, la capuche et le masque en place et mes doigts se baladant sur l'enveloppe dans ma poche. Maintenant il faut que je trouve le vampire, mais n’étant pas du tout du coin, je ne sais pas où il se trouve. Je m'approche d'une personne au hasard, et sens son odeur. Ce n'est pas une humaine.
" Excusez-moi, puis-je savoir où trouver Cino? "

La femme me désigne un direction, en me soulignant que son bureau et son appartement sont le même stupide bâtiment. Je la remercie et me dirige vers l'endroit désignée. Une fois au bâtiment, je monte directement passer par la case bureau. A cette heure-ci il doit encore être chez lui, ce vieux vampire paresseux

Arrivé devant sa porte, j'ai deux choix qui s'offrent à moi : le politiquement correct ou ma brutalité habituelle... Je n'ai pas vraiment envie d'un conflit entre Riverouge et Aletta, mais je ne vais pas rester tout doux et tout gentil, ce n'est pas mon chef après tout.
Le poing serré, je donne trois coups réguliers dans la porte. Les coups résonnent, et au bout de quelques minutes, la porte s'ouvre. Je rentre sans me gêner pour enfin me retourner vers un Cino en peignoir, se grattant le bas ventre. Je lui tends la lettre, ayant abaissé ma capuche et mon masque.

" Cela vient de miss Freya, je crois que je suis facteur aujourd'hui..."

Ça sent... le chien mouillé. Une odeur qui t'agresse le nez, comme un chaton se jetant sur des pieds. Je plaque le revers de mon peignoir sur mon nez, et ferme les yeux : le pire n'est pas encore arrivé, le lycanthrope n'est même pas encore entré.
Percevant une once d'agressivité -je fais cet effet là à beaucoup de gens-, je m'enfonce un peu plus dans le cuir matelassé, étendant mes jambes sur la table basse en bois massif.
Trois coups, la porte s'ouvre, et j'entends les petits morceaux d'enveloppe piétinés par les pattes d'Hunt.
D'une façon parfaitement dramatique, il enlève ce qui m'occultait la vue de son visage.

— Cela vient de miss Freya, je crois que je suis facteur aujourd'hui...

Mais c'est à ça que tu sers mon loupiot ! Quelle idée de se mettre au service de la gamine en même temps... Je tends la main et il y dépose d'une manière très peu délicate l'enveloppe qui m'est adressée. Me levant tout en maintenant mon peignoir fermement contre mon nez, je déchire lentement l'extremité courrier et marmonne le contenu de la lettre.

"Bonjour Cino, je voulais te parler concernant la situation délicate avec Siloss. Je sais que nous avons tous été pris au dépourvu, moi la première et tu me connais, lorsque je suis dénigrée, je pars au quart de tour. En revanche, toi, tu aurais pu rester et parler mais tu t'es comporté comme si tu n'en avais rien à faire (pour changer). Ne penses-tu pas qu'il serait bon que tu t'impliques plus dans la vie politique de ton quartier ? Pas que je m'inquiète pour toi mais on ne connaît toujours pas les intentions de Siloss et s'il essaie de te bouffer, il faudra que tu nous aies convaincu que tu n'es pas un profiteur pour que l'on bouge nos belles fesses. Enfin surtout les miennes, celles d'Ash sont moins jolies et plus viriles ! Pour en revenir au sujet, fais bien comprendre à Ash que tu n'es pas son ennemi, je pense que nous devons tous les trois nous méfier de Siloss.

Après avoir lu sa lettre, je ne sais pas trop quoi penser, c'est presque trop beau ... Advienne que pourra !

Amicalement,
Freya Hagen"

Poussant un profond soupir, je me laisse tomber sur mon canapé et décapsule une bière avec un ongle, faisant sauter la capsule juste au dessus de la tête du lycan. Ce dernier semble plutôt contrarié, sachant qu'il m'adresse un regard plus froid que la glace. Je lui répond cependant d'un sourire tout à fait charmeur, tortillant ma plume entre mon pouce et mon index, cherchant les piques que j’allai bien pouvoir envoyer à cette chère Hagen.

— Ne vous enfuyez donc pas ! Il me reste encore une chose à vous faire passer, monsieur le courrier. Je lui fait signe de s'approcher. Ta maîtresse te demande d'aller jouer les espions à Garsom : il faut que tu fouines chez eux -sans te faire attraper, cela va de soit- et que tu découvres ce que Siloss a derrière la tête. Pas un mot à qui que ce soit d'autre. Quand ta mission sera accomplie, tu ferras ton rapport à ta Succube... Dans un élan de bonne humeur, je viens de trouver une blague hilarante, je propose une bouteille au messager. Bière ?

Alors que ce type est en train de lire la lettre, en marmonnant le contenu, il se masque nez avec son peignoir. Il n'aime pas mon odeur lycan? Quel dommage... Mais je ne suis pas prêt de bouger.
Alors que je le regarde reposer la lettre, je le vois se mettre à l'aise dans son canapé, bière à la main. PARLE ! Dis quelque chose au lieu de me regarder comme si je n'avais pas ma place ! Je lui fais le regard le plus froid que je fasse faire et il me répond seulement par un sourire ridiculement charmeur.

" Ne vous enfuyez donc pas ! Il me reste encore une chose à vous faire passer, monsieur le courrier." Il me fait signe de m'approcher, ce que je fais, parfaitement neutre. "Ta maîtresse te demande d'aller jouer les espions à Garsom : il faut que tu fouines chez eux -sans te faire attraper, cela va de soit- et que tu découvres ce que Siloss a derrière la tête. Pas un mot à qui que ce soit d'autre. Quand ta mission sera accomplie, tu ferras ton rapport à ta Succube..."

J'acquiesce, parfaitement neutre mais notant tout de même ma mission dans un coin de mon crâne.

"Bière ?"

Je sursaute presque en entendant sa voix, je l'avais oublié cette idiot! Mais c'est vrai qu'une petite bière me tente bien. Je m'assois dans l'immense canapé avec un grand sourire carnassier.

" Je suis plus whisky, mais ce serait malpoli de ma part de refuser votre offre. "

Alors qu'il va pour prendre ma boisson je l'interromps avec un ton plutôt froid:

" Ah, et Sir, ne me prenez pas pour le toutou de Freya. Ne mélangez pas le fait que j'obéis à mon employeuse, et le fait que je sois lycan. "

Le téléphone sonne chez Cino, quelque part sous les coussins du canapé, enfin je suppose.

" - Allo ? me répond Cino d'une voix nonchalante.
- Ravie de voir que tu es debout et que tu réponds enfin à mes appels, j'ai bien fait de t'envoyer Delcyn finalement !
- Mouais, je savais juste pas où était passée cette machine des enfers, elle fait un bruit tellement horripilant, ça me tient éveillé alors je l'éteins...souvent...
- Fantastique, fantastique... Tu peux dire à Delcyn de se bouger le cul, c'est assez urgent ! Et dis-lui que je lui ferais un bisou ! Salut !" Je raccroche.

— Bon, et bien j'ai pas trop le choix.

Je reprend finalement ma bière avec grande joie -la fourmi n'est pas partageuse-, l'arrachant aux mains de Delcyn et la buvant cul-sec devant lui. Je m'essuie ensuite le menton d'une façon des plus distinguées, les dernières gouttes de bière s'écrasent à ses pieds. Arborant un sourire satisfait, je le pousse gentiment vers le seuil de la porte, lui souhaite bonne chance et ferme la porte. Un craquement se fait entendre.

— Aïe, bordel !

S'en suit une brève excuse de ma part pour son nez, mais bon, ça guérira. Il descend les escaliers en marmonnant des insultes à mon égard, j'en profite pour ré-ouvrir la porte. Une trace de sang l'orne : le loup-garou est décidément bien fragile.
Bon... Il est temps de répondre à la matrone de Riverouge. Plume, encre, papier : ci siamo !

"Freya,
Avant de m'attarder sur le contenu de votre lettre, j'aimerais juste vous questionner sur votre manière de faire, et votre affinité avec le monde dit "moderne".
De nos jours, il existe bien des moyens de communiquer, pourquoi donc m'avez-vous envoyé ce pauvre monsieur Hunt. Je conçois qu'il titille mon sadique intérieur, et sûrement le votre également, mais veillez à le ménager, je n'ai pas envie qu'il finisse comme votre ancien assistant (celui qui a massacré un civil dans mon quartier parce qu'il portait des talonnettes, vous vous en souvenez ?).
Bref la prochaine fois envoyez-moi un message, ou appelez-moi, étant donné que vous avez mon numéro. je pourrais très bien faire la même chose, mais comme je vous l'ai rappelé plus tôt, je n'aime pas me servir de cette machine.

Pour en revenir à votre courrier, j'ai déjà écrit un mot à cet impudent de Siloss, je l'enverrai un peu plus tard. Pour l'instant, mon quartier n'a aucun problème, je ne vois donc aucun problème dans le fait d'être peu présent dans un quartier aussi inactif que celui-ci. Je te remercie tout de même de t'en inquiéter.

J'ai, de plus, un mauvais pressentiment pour la suite des événements, et pas qu'au sujet de Siloss, ma belle. Garde l’œil ouvert, et tiens-moi au courant.

Salutations.

Ps : Si tu pouvais arrêter de parler de fesses à la moindre occasion, je sais que tu es une succube, mais un peu de maîtrise sur tes instincts ne te feraient pas de mal !"

Je met la lettre dans une enveloppe assez sobre, la scelle avec une cire de couleur verte et la poste dans une boite à lettre privée, voilà une bonne chose de faite.