Dans les ruelles [PV Sean]

La nuit est tombée et j'ai faim, terriblement faim. Depuis que le nouveau chef de quartier est arrivé, je me sens moins à l'aise qu'avant, une certaine tension plane sur le groupe. J'ai peur qu'il essaie de se prendre pour le roi d'Arklow et que les autres se laissent marcher dessus. Lors de notre première rencontre j'ai été impulsive et idiote, mais au moins, il sait jusqu'où je suis capable d'aller. De plus, il a sûrement un avis sur moi totalement faussé, certes je peux être et je suis le plus souvent assez impulsive, mais cela ne m'empêche pas pour autant de réfléchir, peut-être même plus que Cino et Siloss réuni ! Ahahaha ! 

Je me trouve dans une ruelle un peu à l'écart de la place. Étroite et sombre, c'est là que je trouverai mon repas ce soir ! 

La rue dans laquelle je me trouve se situe derrière le chaudron d'or, la boîte de nuit du quartier. Certaines personnes passent ici, ivres et s'endorment sur le sol abîmé. J'attends depuis déjà une dizaine de minutes lorsqu'un jeune homme, 20 ans tout au plus se dirige vers moi en titubant. Je m'avance vers lui et le rattrape par le bras juste avant qu'il ne tombe.

- Tout doux, tout doux mon grand ! Tu as bu ? Oh... ce n'est pas bien !
Je lui assène une pichenette sur le front. 
-Regarde-toi, tu es saoul maintenant et tu ne sais pas qui tu pourrais bien croiser en rentrant... Je secoue la tête.
- Mais poulette, t'es pas une mauvaise ren...rencontre toi *hic* et puis t'es belle tu sais ? me demande-t-il avec un sourire d'imbécile sur le visage.

Et oui, parfois il est très simple de plaire aux humains et sans envoûtement ou quoi que ce soit ! Une longue robe dont la fente remonte jusqu'à ma hanche, ne découvrant ainsi l'absence de quelconque dentelle, un maquillage de biche et des cheveux réunis dans un chignon grossier et le tour est joué, ils tombent tous à vos pieds mesdames. 

L'homme commence à avancer la main pour me peloter quand je le plaque violemment contre le mur :

- On ne touche pas ! Obsédé !

Puis, sans une once de gentillesse ou de tendresse, je plaque ma bouche sur la sienne et fait remonter son énergie sexuelle jusqu'à ses lèvres. Son aura vire du rose au rouge foncé, preuve de son excitation. Je vous le dit mais parfois, il n'y a plus rien d'excitant à être une succube, tout est trop facile... Sauf avec les autres surnaturels (enfin certains) qui me cherchent, en ont envie mais préfère patienter, tâter le terrain et ceux-là sont mes favoris. Pour en revenir au moment présent, je me gave du chi de ce monsieur mais au bout de quelques minutes, je le relâche et celui-ci tombe sur le sol, un sourire ahuri figé sur ses lèvres. Je ne prendrais pas plus ce soir car je n'ai pas envie d'être dans le même état que lui en arrivant dans cette ruelle. En effet, lorsqu'une succube se nourrit trop vite ou trop d'un coup, elle se retrouve dans un état proche de l'ivresse. Mais là, je suis juste très forte, très rapide et très excitée.

Alors que je commence à repartir vers l'allée centrale, une silhouette sombre se jette sur moi avec une vitesse surhumaine, à quoi ai-je affaire ? L'individu essaie de me plaquer au sol mais je le repousse tant bien que mal. Le souci, c'est que je n'y vois rien et qu'il est beaucoup plus fort que moi. Je me retrouve donc écrasée sous le poids de la personne assise à califourchon sur moi et qui me maintient les bras sur le sol. J'ai beau l'insulter, râler et gémir, rien n'y fait et je n'ai pas envie de l'influencer grâce au charisme que j'ai en tant que succube, on ne sait pas quels sont ses penchants et je pourrais le regretter amèrement. 

Puis, l'homme - car là, je sens que c'est un homme - éclate de rire et se tient les côtes. Je reconnais cette voix... 

- Sean, c'est toi ? demandé-je, surprise et heureuse.

Comme à mon habitude, je me promène dans les ruelles d'Arklow. Il fait sombre et il n'y a que la lumière orangée d'un réverbère accroché à un bar. J'ai pas arrêté de manger des steaks bien saignant mais j'ai toujours faim, à croire que je suis un véritable animal qui fait ses provisions pour l'hiver.

La porte du bar s'ouvre, je vois un pochetron en sortir. En le voyant je ne peux m'empêcher de penser "Et un abruti d'humain pour repas - Mais regardez moi cet ivrogne ..." ; J'essaye toujours de me trouver une excuse valable pour prendre la vie de quelqu'un - "Sa vie n'a surement plus de sens, il mérite mieux que ça, et je suis sûr qu'il souhaiterait mourir en servant la cause de quelqu'un d'autre".

Soudain je la vois, cette chère Freya qui est en train de me piquer mon repas ... "Et merde ... Qu'est-ce que je vais manger maintenant ? ... Ce qu'il y a de bien avec les succubes, c'est qu'elle laisse leur victime parfois encore en vie. Freya embrassait ce vulgaire humain. Parfois je me demande comment elle fait pour embrasser des personnes aussi bourrés et qui sentent l'alcool à plein nez, faut surement avoir une sacrée volonté pour se faire des types comme ça.

Elle le lâche, je sens l'odeur de la viande encore fraîche, mon repas peut être servi !
J'aime bien Freya, elle est belle, gentille, envoutante et on se comprend assez bien tous les deux. J'aime produire un effet de surprise chez elle, elle a souvent des réactions disproportionnées ce qui m'amuse beaucoup à vrai dire.

Je me jette donc sur elle, la plaque au sol violemment. Elle essaye de me repousser, m'insulte de tous les noms d'oiseaux qu'il peut y avoir sur terre et même des plus ridicules ce qui me fait éclater de rire. A ce moment là elle comprit que c'était moi. Je l'aidai à se relever et l'embrassai sur les lèvres pour lui dire bonjour, c'était une sorte d'habitude entre nous - j'étais un coureur et elle une succube, autant dire que s'embrassai sur la bouche n'avait rien de choquant.

L'ivrogne était toujours par terre et commençait à se relever. Je fis signe à Freya de patienter une petite minute et que j'étais à elle. Je me précipitai sur ma victime, le pris à la gorge sans qu'il n'ait le temps de réagir et le vidai de son sang. Qu'est ce que c'était bon de sentir ce doux liquide couler dans ma gorge, autant dire que je me sentais vivant après ça, j'étais prêt pour faire la fête toute la nuit.
Une fois fini, je posai le corps de l'homme sur les pavés de la ruelle et prononçai Requiescat in pace par simple respect envers un inconnu qui avait donné sa vie pour moi.

Je regardai Freya, m'essuyai d'un mouchoir de soie les quelques taches de sang qu'il y avait sur mes lèvres.
"Maintenant que nous sommes tous les deux rassasiés, où veux-tu qu'on aille ? Se bourrer la gueule au bar, chasser ou être ton dessert pour ce soir ?"

- Maintenant que nous sommes tous les deux rassasiés, où veux-tu qu'on aille ? Se bourrer la gueule au bar, chasser ou être ton dessert pour ce soir ?


- Je ne sais pas... ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu dans le coin Sean ! Je suis vraiment contente.

Je m'avance vers lui d'un pas rapide et le saisi au col brusquement. J'approche mon visage du sien :
- En revanche, ne tue plus d'humains sur mon territoire, et encore moins sous mes yeux, grondé-je.

Il me regarde, méfiant puis, sourit négligemment. 

- Allez, on va au chaudron d'or, c'est rempli à cette heure là. 

Je relâche mon vieil ami et m'écarte de lui, nous avançons jusqu'à la porte de derrière, Sean marche derrière moi, ce qui me laisse penser qu'il louche joyeusement sur la fente de ma robe. Peu importe, je suis pressée d'aller me déhancher sur la piste !

Mon compagnon passe devant moi pour me tenir la porte ouverte, toujours galant, Sean ne cessera jamais de m'impressionner. Je passe devant lui rapidement pour le laisser entrer à son tour puis, nous nous faufilons à travers un dédale d'étroits couloirs pour finalement arriver au fond de la salle du chaudron d'or. Nous nous trouvons actuellement dans une sorte de salon privé, où des canapés sont positionnés en cercle, la pièce est séparée du reste de la salle par des rideaux de perles. Je peux donc venir ici et me gargariser de l'énergie sexuelle du lieu tout en restant ici, isolée. Evidemment, je peux demander à certaines personnes de me rejoindre ou même, sortir sur la piste.

Je me tourne vers Sean, ravi de découvrir cette pièce isolée et lui demande : 


- Tu danses ? 

Freya a un caractère assez étrange mais que j'adore. Cette fille peut passer de la plaisanterie au totalement sérieux, si bien que tu ne sais pas comment réagir. Freya est une dominatrice, une femme comme Cléopâtre ou Elizabeth (I et II), elle est la Irene Adler des nouvelles de Conan Doyle et c'est ce que j'aime chez elle.

Elle me proposa de faire un tour au "chaudron d'or" - je pense qu'elle avait du boire un petit peu avant car la seule boite que je connaisse dans le quartier est le tonneau d'or, je ne lui fis pas remarquer, je n'avais pas envie de la taquiner maintenant.

Je suivais Freya, mon dieu qu'elle était belle pensai-je. Comme à mon habitude je lui ouvris la porte, elle m’acquiesça un sourire. Elle reparti devant moi et se dirigea vers un salon privé.

Elle se tourna vers moi : "Tu danses ?"  
La musique venait de se terminer et une autre démarrait, je reconnu Smell like teen spirit, j'aimais cette chanson et je répondis finalement "Et c'est à moi que poses la question ?".

Au bout d'un moment de danse j'aperçu quelqu'un que je connaissais mais que je n'avais pas rencontré à Arklow, ça faisait assez longtemps que j'étais ici et que je n'étais pas ressorti de cette ville, la faute à ce foutu sortilège - dire que j'aurai entraîné d'autres personnes ici pensant qu'on était libre ...

Freya remarqua que je regardais cet homme, sur quoi elle en profita pour me demander si je voulais me faire un homme ce soir. Je cherchai un ton "cool" pour lui répondre mais je crois que Freya avait compris qu'un truc me perturbait chez cet homme.

"Tu le connais ?"
"Si seulement je pouvais te répondre oui en étant sûr"

L'homme quitta le tonneau d'or au bout d'une petite heure, sur ce, je dis à Freya que je devais y aller. Je devinais bien qu'elle n'allait pas rester au tonneau d'or très longtemps après mon départ et que si ça se trouve elle allait me suivre pour savoir où j'allais...

Sean se faufile à travers la foule pour suivre l'homme qu'il a aperçu. Je me demande de qui il s'agit et quel est leur lien. Mon ami avait vraiment l'air perturbé de trouver ici cette personne. Peut-être s'agit-il de l'un des individus à qui il a conseillé d'aller à Arklow, et qui se sont retrouvés coincés ici, tout comme nous... Cela ne m'étonnerai pas que certains d'entres eux lui en veuillent beaucoup, vraiment. 

Inquiète et intriguée, je perce la foule ondulante, provoquant quelques sourires béat chez les humains, agaçant. 

Dans la rue, je ne trouve plus Sean, j'essaie donc de visualiser son aura, il est dans la rue à gauche. Heureusement pour moi, je suis une fanatique des longues robes mais surtout des longues robes à fente ! Je peux donc aisément partir en courant pour retrouver mon ami. J'essaie de faire attention à ma vitesse quand je passe à proximité de groupes d'humains. Etant plus rapide que la moyenne d'entres eux, je ne veux pas attirer l'attention, déjà qu'une femme dans une robe de soirée comme celle-ci en train de courir est assez inhabituel. 

Sean est rapide, un peu moins que d'habitude comme il vient de manger. Quand les vampires se nourrissent, ils se rapprochent plus des humains au niveau de la vitesse, de la force... J'espère que l'autre ne lui veut pas de noises et surtout qu'il n'est pas un vampire affamé car sinon, il sera très fort...

Bordel, j'espère qu'il ne vont pas mettre le souk dans le quartier sinon ils vont m'entendre gueuler ! ! Je rattrape Sean petit à petit, nous nous retrouvons côte à côte. L'autre homme s'est arrêté dans une impasse, que fait-il ? Est-ce qu'il attend Sean ? 

Mon ami ralenti le pas et marche d'une façon plus assurée. Je reste un peu en retrait, ce sont ses affaires et je ne m'en mêlerai que si je sens qu'il le faut.
Sean s'approche de l'homme qui, affolé, dit tout et n'importe quoi :

- Qu'est-ce que vous me voulez ? J'ai rien fait ! C'est vous ! Oui c'est vous ! Vous avez fait quelque chose à ma femme ! Je vous ai vu avec elle ! J'ai fait comme si de rien n'était mais... il déglutit. Mais elle ne prend plus de plaisir ! Tout ça à cause de vous ! Elle ne m'aime plus ! A cause de vous ! Dit-il en frappant Sean à la poitrine.

Je soupire... Sean, ce charmeur, il a probablement assouvi ses pulsions en se nourrissant, ce qui expliquerai l'état de la femme de l'autre. Surpris, Sean a les yeux écarquillés, il se demande probablement comment se sortir de cette situation normalement, comme un humain. Les pouvoirs d'un vampire sont moins subtiles que ceux d'une succube. Je m'approche de l'homme et, tout en lui caressant la main, je lui insuffle un peu d'apaisement, de sentiments positifs pour le calmer. Bien sûr, il faut que je contrôle la dose car sinon ils tombent désespérément amoureux de moi. L'homme se tourne vers moi, en souriant.

- Rentrez chez vous et occupez-vous bien de votre femme, d'ici une semaine elle sera comme avant, vous n'allez pas voir le temps passer.
- Oui, je ne le verrai pas passer... Vous êtes si belle...

Je retire vivement ma main de son bras, pas besoin de lui en insuffler plus, il a déjà trop bien pris sa dose. L'homme se retourne et rebrousse le chemin. 

Une fois qu'il est parti, je me tourne vers Sean :

- Tu m'en dois une !

Freya s'est occupé du type assez rapidement, je ne sais pas comment elle fait mais j'aimerais vraiment qu'elle soit ma psychologue en tout cas. Une fois le type parti, elle se tourne vers moi :

"Tu m'en dois une !"

"Au pire ça aurait juste fait un repas de plus"

Elle me met un coup de coude dans les cotes en me souriant.

"C'est pas tout mais on fait quoi maintenant ? On a dansé, on a bu, les gens sont complètement bourrés. Je sais pas toi mais j'irais bien faire un tour dans les quartiers voisins, histoire de "visiter" "

Freya semblait réticente à ma proposition, je changeai donc de sujet.

"Un ciné alors ? Y'a bien un cinéma dans cette ville non ? Pourquoi ne pas en profiter ? Et pis c'est très romantique un cinéma..."

Je la regardai avec mon regard charmeur, bien que je pense qu'elle soit plus douée à ce petit jeu que moi.

En vérité je ne sais même pas si j'ai déjà couché avec, disons qu'elle peut te faire l'amour sans même que tu t'en rende compte, cette fille est ... excitante.
Je lui ai déjà demandé plusieurs fois auparavant mais elle ne m'a jamais répondu, me souriant mais sans vraiment savoir si c'était oui ou non. Autant réessayer, peut-être que cette fois j'aurai une réponse.

"Dis Freya ? On a déjà couché ensemble ?"

Elle me fit le même regard que d'habitude, cette fille est excitante, belle et putain de mystérieuse, tu ne peux que l'aimer même si tu as envie de la détester parfois.

"Dis Freya ? On a déjà couché ensemble ?"

Je hausse les yeux au ciel, son manque de tact est toujours chiant, je suis certes une succube, mais ça ne veut pas pour autant dire que je suis un objet. Mais comme j'aime le faire tourner en bourrique, je me contente de lui répondre :

"Peut-être..."

Je commence à marcher en direction de ma résidence, Sean sur les talons.

" Pourquoi tu me suis ?" 

Le vampire s'amuse à tourner autour de moi pour me faire tomber, quel gamin ! Peut-être qu'il attend juste que je lui mette une droite... Va savoir ce qu'il se passe dans la tête de Sean !

"Arrêtes, tu m'saoule autant qu'un vieux pervers qui me mettrait la main aux fesses dans un bar miteux."


Il éclate de rire, comme si j'en avais sorti une bien bonne. Puis, il me jette un coup d’œil que j'interprète comme un "si tu savais !!"

J'ai encore des choses à faire aujourd'hui, des coups de fils à passer, des courriers à envoyer...

"Bon, Sean, on se reverra plus tard, j'ai des choses à faire, pas vraiment le temps de faire mumuse avec toi..."

Certains ont le vin pour se saouler, d'autres comme moi on le sang, et je crois que j'en avais un peu trop abusé ce soir là. Freya était en colère, je le savais mais j'agissais comme un con, continuant à rire alors qu'il n'y avait rien de drole dans cette situation.

Freya commençait à s'éloigner de moi... J'essayai de reprendre mon esprit en main.

Freya, attends s'il te plait...

Pourquoi ? Pour me dire encore des conneries ? Pour me dire que je suis bonne et que t'as envie de coucher avec moi ? C'est pas toi ça ! Je t'aime bien Sean, mais j'en ai un peu ma claque d'être prise pour un objet en ce moment...

Je me sentais minable d'avoir agi ainsi, c'est vrai que ça ne me ressemblait pas, elle avait raison... Toutefois je voulais rester encore avec elle, je ne voulais pas rentrer chez moi et me dire qu'elle allait mal en partie à cause de moi ...

Je m'excuse. Je voulais pas te blesser. Je sais que j'ai pas été hyper présent ces derniers temps alors que t'en avais surement besoin, mais laisse moi une petite chance de me rattraper, j'ai pas envie qu'on reste sur une engueulade. J'ai agi comme un con, je suis désolé.

J'avais utilisé ma dernière carte. Je regardais Freya dans les yeux et je ne savais pas ce qu'elle pensait, j'attendais sa réponse anxieusement...

Je continue à marcher, Sean toujours sur les talons, il se déplace toujours à une vitesse incroyable et très silencieusement, s'en est presque gênant d'être aussi bruyante à côté de lui, de plus, il est ivre. Je le vois tanguer à chaque pas, il tente de faire face à son état d'ébriété.

- Oui, si tu arrêtes de te comporter comme un connard macho.

Il se redresse et souris joyeusement, comme un enfant devant une boutique de jouets. Quel idiot celui-là ! Je passe la main dans mes cheveux, cette dernière se coince à mi-chemin je suis presque obligée d'arracher des touffes de cheveux pour pouvoir l'en extirper. Sean qui a suivi toute l'opération éclate de rire bruyamment. 

Nous reprenons le chemin, mon ami me suit sans me poser de questions ni sans remarquer que nous ne sommes plus du tout sur la route de ma résidence. Nous croisons une bande de jeunes garçons ivres, une quinzaine d'années, vulgaires, stupides d'être dans la rue à cette heure là sans se douter du danger qui rôde. 

Après quelques minutes, je lance : 

- Sean, j'ai réellement des choses à faire ce soir...!

Il me regarde, ne comprenant sûrement pas où je veux en venir. Après un coup d'oeil autour de lui, l'information monte enfin au cerveau.

- Et mais... on est devant chez moi là...?
- Oui Sean, c'est bien de le remarquer maintenant !

Je me retrouvais de nouveau seul. Putain quel con j'étais, j'avais envie de me rattraper auprès d'elle mais j'ai compris que ce n'était pas ce soir que je serais pardonné.

Je marchais dans la rue, je croisai un humain qui rentrait une bouteille à la main pleurant, peut-être qu'il se rendait compte lui aussi qu'il avait été minable, que sa femme ne lui pardonnerait surement pas cette soirée. Lui et moi n'étions pas si différent, pour nous deux la fête était finie...

Je lui pris sa bouteille, la finit d'une gorgée. Noyé dans ses pleurs il ne m'avait pas remarqué. Je continuai mon chemin et remontai l'allée qui menait à cette grande maison qui était la mienne.
La maison était vide, sombre, pleine de poussière. C'est à ce moment là que je compris que je n'étais que l'ombre de moi-même et que Freya avait raison : je n'étais qu'un con.

Il était 6h du mat, le soleil n'allait pas tarder à se lever. J'avais envie de voir cette lumière, cela faisait trop longtemps... Je regardai par la fenêtre de ma chambre ces rayons qui me faisaient mal. C'était si beau ... La douleur devenait insoutenable, je fermai les rideaux, me posai dans mon lit. Les draps étaient tâchés par le sang mais je me sentais mieux intérieurement.

La lumière porte conseil ...

J'ai dormi à peine quelques heures, le temps de repartir bosser, avec ces histoires de meurtres, tout part en vrille, fait chier.

Comme hier j'ai laissé Sean un peu en plan, je vais me rattraper ce soir. Ok, ok, il l'avait cherché, je sais mais j'ai envie de penser à autre chose et de m'amuser, je ne sais pas où aller, que faire ni quoi que ce soit donc on verra ce qu'il en est du vampire. 

Je frappe à la porte d'entrée et en une fraction de seconde, la porte est ouverte sur un Sean vêtu d'un simple peignoir rouge bordeaux. Inspire, expire, détourne le regard...

- Bonsoir, je voulais m'excuser pour hier...
- Pas de souci, entre... me dit-il en ouvrant la porte pour me laisser passer.

Je tâche de garder mes yeux fixés au plafond tandis qu'il me fait évoluer dans les couloirs jusqu'au salon. 

Mon ami, quant à lui, tâche de garder son peignoir fermé et une certaine contenance mais, il est visiblement gêné. Il s'assied sur le canapé en face de moi et me fais signe de m'asseoir à mon tour. 
La pièce est grande et faiblement éclairée par quelques bougies allumées. Je dirais presque que l'ambiance est romantique mais 1- je suis une succube, je suis un peu faite pour voir ça partout 2- Sean vient tout juste de se lever 3- ce sont des bougies senteur... cerise ?! Je secoue la tête pour chasser toutes ces mauvaises pensées, Sean et moi ? Noooon. 

J'ai l'impression d'être affamée alors que je me suis nourrie hier, c'est chiant... 

- Tu fais quelque chose ce soir ? Enfin je veux dire... tu as quelque chose de prévu ou tu fais soirée peignoir à la maison ? J'ajoute en esquissant un sourire pour détendre l’atmosphère : j'ai amené quelques Dvds...